Le supplice

Anna Prykhodko

Contributor

Dans le cadre de la Francofête qui s’est tenue à JAC du 13 au 17 mars 2023, plusieurs étudiant.e.s ont participé à un concours d’écriture. Il fallait écrire un texte d’un maximum de 300 mots, sur un sujet et dans une forme au choix (poème, essai, nouvelle, slam, etc.) et inclure dans le texte les 10 mots proposés par l’organisme Dis-moi dix mots pour la Journée internationale de la francophonie. Cette année, le thème de ces 10 mots était le temps. En voici la liste : année-lumière, avant-jour, dare-dare, déjà-vu, hivernage, lambiner, plus-que-parfait, rythmer, synchrone et tic-tac.

Bravo aux trois finalistes, Anna Prykhodko (premier prix), Maïmouna Diongue (deuxième prix) et Nahid Nowrozi (troisième prix).

Je fus transie par un effroi paralysant et d’un sentiment de déjà-vu intolérable. Je ne pouvais que fixer les mouvements synchrones des aiguilles de l’horloge. Elles lambinaient, et chaque seconde passaient plus lentement que celle la précédant. « Tic-tac, Tic-tac », faisait l’horloge, comme si elle se moquait de moi. Mon seul loisir consistait à tenter de rythmer le balancement de mes jambes à ces bruits qui me rendaient folle. Le temps a cessé d’exister: le présent, le passé, le futur, le conditionnel, le subjonctif, le plus-que-parfait… Tout s’est mélangé et s’est vidé de son sens. J’ai réalisé qu’il était peu probable que je réussisse à surmonter cette épreuve. Et dire que je me levais quotidiennement à l’avant-jour, quand le Soleil se pointait à peine en-haut de la ligne d’horizon, afin de volontairement subir ce supplice. Des années-lumière séparaient le moment actuel de la fin de cette torture. La cloche annonçant la fin de la journée m’a sortie de mon hivernage mental. Les élèves se sont précipités dare-dare vers la porte, hors de la classe, se joignant à la foule noyant les corridors. Le cours de mathématiques était enfin terminé.